- KALIDASA
- KALIDASAK lid sa est le nom le plus célèbre de la littérature sanskrite. Dès que son œuvre est connue en Europe, elle suscite l’enthousiasme des romantiques. En Inde même il est cité très tôt, à partir du VIIe siècle, comme le premier poète, modèle de toute perfection littéraire, miroir fidèle de l’idéal hindou. Tout l’ordre, toute l’éthique du dharma y sont présents. L’hindouisme y apparaît sous sa forme la plus générale, dans les grands thèmes communs situés au-dessus des débats et des attaques sectaires.Sur le plan formel, l’œuvre ne peut que séduire par son souci constant d’art pur, de perfection, d’équilibre, et par sa sérénité. On y rencontre au passage un sentiment de la nature d’une profonde simplicité, un précieux raffinement des sentiments, de l’humour parfois, toujours une souveraine élégance d’expression. C’est un moment d’équilibre entre la maladresse des premiers k vya , la rudesse grandiose des épopées et la complexité, la luxuriance de nombre d’œuvres plus tardives.L’inexistence des sourcesOn ne sait rien de la vie du plus fameux poète de l’Inde. Sa datation même demeure un sujet de controverse. Quelques légendes sont trop vagues et artificielles pour qu’on puisse en tirer rien de positif. La tradition la plus vivace établit un lien entre le poète et un roi au titre de Vikram ditya, «Soleil d’héroïsme», ainsi qu’avec la ville d’Ujjayin 稜. Ce roi pourrait être Candragupta II (375-413 apr. J.-C.) qui portait ce titre et avait Ujjayin 稜 pour capitale. D’autre part, plusieurs traités de poétique font de K lid sa l’auteur d’un ouvrage intitulé Kuntale face="EU Updot" 浪varadautya qui relaterait l’envoi par Vikram ditya du poète en ambassade auprès d’un souverain du Kuntala. On a essayé de reconnaître, ici aussi, Candragupta II ainsi que Pravarasena II, roi V k レaka, identification à laquelle invitent la date de Candragupta et une tradition qui veut que K lid sa ait révisé le poème pr krit Setubandha attribué à Pravarasena. On a donc là une vraisemblance. D’autres hypothèses ont été faites. La seule chose certaine est une date limite: K lid sa est mentionné dans une inscription en 634, et celle-ci est suffisamment élogieuse pour nous assurer du renom du poète dès cette époque.Une œuvre riche et variéeUne autre incertitude plane sur le nombre de ses œuvres. On s’accorde aujourd’hui à lui attribuer deux longs poèmes de caractère épique, les k vya Raghuva ュ ごa et Kum rasambhava , trois pièces de théâtre, えakuntal , M lavik gnimitra , Vikramorva ご 稜 , une élégie, le Meghad ta . Si on admet avec assez d’assurance qu’il a composé une description des saisons, ブtusa ュhara , il y a plus de doute à l’égard d’autres courts poèmes, え リ face="EU Updot" 臘g ratilaka , Gha レakarpara , etc.Le Meghad ta , «Nuage messager», constitue un court poème d’une centaine de stances; il repose sur une fiction qui donnera naissance à un genre. Un yak ルa , être semi-divin serviteur de Kubera, dieu des richesses, a été exilé pour quelque faute. Seul, nostalgique, il demande à un nuage d’aller porter ses nouvelles et un message de courage et d’espoir à son épouse. Il lui évoque les contrées, les villes, les fleuves, les montagnes qu’il doit survoler, lui explique où se trouve sa demeure et lui peint combien sa femme doit être triste, inquiète à l’attendre.Le Kum rasa ュbhava , ou «Naissance de Kum ra», est une épopée en huit chants (neuf autres chants sont d’authenticité contestée) d’inspiration religieuse, qui raconte le mariage du dieu えiva avec P rvat 稜, fille de l’Him laya, prélude à la naissance merveilleuse de leur enfant, le «jeune» dieu Kum ra. Mais, comme le veut le genre du k vya, la description et l’épanchement lyrique prennent le pas sur la narration, jusqu’à l’étouffer. L’œuvre abonde en tableaux grandioses de l’Him laya, du dieu ascète えiva, de l’attaque dirigée par le dieu Amour. Elle reste cependant très humaine, sensible: la beauté de la déesse, l’ascèse qu’elle mène pour gagner la grâce du dieu, etc.Le Raghuva ュ ごa , ou «Lignée de Raghu», est aussi un k vya qui réunit des légendes attachées à des rois de la dynastie mythique issue du Soleil. Le récit est toujours esquissé. L’important est l’amplification poétique d’une beauté de la nature, d’un acte noble, d’une qualité morale, d’un sentiment de bonheur ou pathétique. Dil 稜pa, sur les conseils de Vasi ルレha, sage «à l’âme tranquille comme un bassin où les poissons sont endormis», obtient d’avoir un fils en protégeant la vache céleste Surabhi qui va paître dans la forêt. Cette course du roi auprès de la vache divine à robe rousse est un sujet de merveilles que le poète s’arrête à décrire sur tout un chant: «Un incendie s’éteignit sans qu’il plût; il y eut une croissance singulière des fleurs et des fruits, le fort cessa d’opprimer le faible parmi les bêtes, lorsque ce protecteur s’enfonça dans la forêt... Purifiant les orients par leur course, à la fin du jour, pour regagner leur demeure, avançaient cuivrées d’une rousseur de bourgeon, la lumière du Soleil et la vache de l’anachorète...» Raghu conquiert tous les points cardinaux. Aja est choisi comme époux par la princesse Indumat 稜. Mais celle-ci meurt bientôt d’une guirlande tombée du ciel et qui la frappe à la poitrine. Aja pleure son épouse morte. La geste entière de R ma est condensée. Tels sont les moments principaux de ce poème. Ils donnent lieu à des digressions lyriques, descriptions des saisons, récits de chasses, d’exploits guerriers, de jeux dans l’eau, de plaisirs amoureux, de fêtes, etc., qui seront des thèmes, des scènes poétiques toutes faites sans cesse imitées dans toute l’histoire du k vya sanskrit.M lavik gnimitra se présente comme une comédie de harem. Le héros, Agnimitra, serait le premier roi de la dynastie えu face="EU Updot" 臘ga (IIe s. av. J.-C.). Cependant l’intérêt ne réside pas dans quelques événements – peut-être historiques – auxquels il est fait allusion, mais dans une intrigue de cour dont le schéma sera repris et développé par toute la littérature ultérieure. La princesse M lavik , destinée au roi Agnimitra, fut attaquée alors qu’elle se rendait à Vidi ご , capitale de son futur époux royal; elle parvint à s’échapper, mais, pour subsister, fut réduite à la condition de servante. Le hasard la mène à Vidi ご auprès de la reine. Le souverain tombe amoureux de cette servante; l’intrigue, bientôt découverte par la reine, provoque d’abord sa colère, mais des stratagèmes préviennent ses essais de vengeance. On sait l’apaiser progressivement et quand, par un heureux coup de théâtre, on apprend que la servante n’est autre que la princesse M lavik , la reine pardonne et accepte la nouvelle épouse.Comédie également – mais d’un genre différent – que Vikramorva ごí («Urva ご 稜, récompense de l’héroïsme»). L’aspect héroïque y est plus en évidence. Il y a surtout un recours au merveilleux caractéristique d’un genre dont le premier spécimen connu est l’Avim raka de Bh sa. Le roi Pur ravas est un mortel épris d’une Apsaras, la nymphe Urva ご 稜, qui, pour quelque faute, a été exilée du ciel sur la terre, la naissance d’un fils devant mettre fin à cette malédiction. La vie des deux amants est accidentellement troublée par une séparation. La scène de Pur ravas cherchant Urva ご 稜 dans une forêt où elle a disparu, fou de douleur et adressant ses plaintes et prières au nuage, au paon, au coucou, à l’abeille, à l’éléphant, etc., est devenue célèbre et sera brillamment imitée, par Bhavabh ti en particulier. Puis des événements merveilleux réunissent le roi et la nymphe. En récompense de services qu’il a rendus aux dieux, Pur ravas obtient de garder Urva ご 稜 jusqu’à sa mort. size=5えakuntal size=5Le sujet de えakuntal est tiré du Mah bh rata . On comprend tout le prix de l’art de K lid sa quand on voit avec quel bonheur il a transformé la légende pour la rendre plus propre à la scène et plus émouvante. Le roi Du ルyanta est entraîné, au cours d’une chasse, auprès de l’ermitage forestier de Ka ユva. Il aperçoit la fille adoptive de ce dernier, えakuntal . L’amour les unit. Mais le roi doit bientôt retourner dans sa capitale. Il lui laisse un anneau et la promesse de la faire chercher le plus tôt possible. えakuntal , plongée dans sa rêverie amoureuse, néglige de rendre les devoirs de l’hospitalité au sage Durv sas qui, toujours irascible, la frappe d’une malédiction: son amant l’oubliera jusqu’à ce que la vue d’un anneau lui redonne la mémoire. Le roi oublie, en effet. Ka ユva envoie えakuntal à la cour: comme elle a égaré la bague, Du ルyanta ne la reconnaît pas et la repousse. えakuntal , qui était fille de la nymphe Menak et du sage Vi ごv mitra, est emmenée par sa mère au ciel où elle donne naissance à un fils, Bharata. Or, un jour un pêcheur apporte au palais l’anneau qu’il a trouvé dans le ventre d’un poisson. Le roi se souvient et longtemps il recherche son amour perdu. Le hasard lui fera rencontrer d’abord son fils, puis えakuntal .Pièce d’une extrême élégance dans l’expression, d’une grande finesse psychologique, d’un métier très raffiné, parfait, えakuntal est le chef-d’œuvre du théâtre indien, par un équilibre qu’il réalise entre cet art pur et une certaine spontanéité. Plus que dans ses autres créations, K lid sa a su dans cette pièce mettre de la vie et de la fraîcheur naturelle. Et c’est peut-être ce qui a fait la célébrité de えakuntal , son attrait irrésistible sur des esprits aussi divers que les lettrés indiens de toutes les époques et de toutes les confessions ainsi que les romantiques d’Occident.Kâlidâsa(IVe-Ve s.[?]) poète indien. Auteur d'un drame célèbre: çakuntalâ.
Encyclopédie Universelle. 2012.